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Mercredi 02 juin 2021

Cet article a été transmis aux médias par Canada Newswire le 2 juin 2021

Tôt le matin du 15 mars 2021, un drone privé a effectué un vol non autorisé de 11 minutes juste au nord de l'aérodrome de l'Aéroport international d'Ottawa (YOW). Le même drone a effectué 24 vols au cours du mois de mars, y compris des vols près de l'hélisurface de l'ambulance aérienne de l'Hôpital Civic, de l'hélisurface de CHEO et de la Colline du Parlement.

« Nous savons de quel type de drone il s'agissait, son numéro d'identification unique, son temps de vol, sa trajectoire de vol et son altitude maximale, » déclare Michael Beaudette, Vice-président, Sûreté, gestion des urgences et transport de la clientèle à YOW. « Il n'aurait pas dû voler à aucun de ces endroits et, de ce fait, il a enfreint la réglementation de Transports Canada. »

M. Beaudette dirige un programme pilote pionnier de détection des drones à YOW en partenariat avec Indro Robotics, QinetiQ et NAV CANADA. Les résultats obtenus à ce jour ont été révélateurs.

« Les drones deviennent pratiquement omniprésents, avec une croissance exponentielle des ventes tant pour les amateurs que pour les opérateurs commerciaux », déclare M. Beaudette. « En tant qu'exploitant aéroportuaire, nous avons estimé qu'il était d'une importance vitale de tester des systèmes permettant de détecter les drones opérant sur les trajectoires de vol, à proximité de l'aéroport et dans d'autres zones réglementées, afin de contribuer à assurer la sécurité des équipages aériens et des passagers. »

La question des drones opérant près des aéroports a attiré l'attention internationale vers la fin de 2018, lorsque des drones ont été repérés volant près de l'aéroport de Gatwick au Royaume-Uni. L'aéroport a dû suspendre plus de 1 000 vols impactant 140 000 voyageurs.

Cet incident a mené à la formation d'un groupe de travail d'experts nommé Blue Ribbon Task Force, mandaté par Association for Unmanned Vehicle Systems International et le Conseil international des aéroports – Amérique du Nord, pour élaborer un rapport sur le sujet. Le Président et chef de la direction de YOW, Mark Laroche, était membre du groupe de travail, de même que des représentants de la Federal Aviation Administration (FAA), de Los Angeles World Airports et de NAV CANADA. Le rapport a été publié en octobre 2019.

« Le rapport fournit des orientations aux parties prenantes sur des sujets tels que la détection des systèmes d’aéronef sans pilote (UAS), les mesures d'atténuation/réaction et les principes directeurs pour la planification des interventions », explique Mark Laroche. « À YOW, nous avions déjà commencé à nous pencher sur la détection des drones comme première étape pour aider à assurer la sécurité. »

Transports Canada exige que toute personne utilisant un drone qui pèse plus de 250 grammes ait un certificat de pilote de drone et vole seulement les drones marqués et enregistrés. Tous les opérateurs de drones doivent connaître et respecter la réglementation de Transports Canada.

« Il est interdit de faire voler un drone à une distance de 5,6 kilomètres du centre de tout aéroport au Canada », note Mark Laroche. « Malheureusement, cela n'a pas empêché que cela se produise. En mars 2021, notre programme a détecté et signalé 101 vols de drones dans ce rayon de 5,6 kilomètres. Les chiffres d'avril étaient encore plus élevés, avec 167 vols. Un certain nombre d'entre eux ont été pilotés pendant les heures d'obscurité et certains ont dépassé des altitudes de 1 600 pieds. »  

Deux types de technologies font l'objet d'une démonstration dans le cadre du programme pilote de détection des drones à YOW : la détection par radiofréquence (RF) et le radar micro Doppler.

La détection des drones par RF est réalisée par Indro Robotics et par détection à distance. Indro a installé une station de réception RF sur le toit de l’aérogare qui peut détecter les drones fonctionnant sur 2,4 et 5,8 GHz dans un rayon de 15 kilomètres.

« Notre système "interroge" chaque appareil afin d'obtenir plus d'informations pour localiser les points GPS X, Y et Z – Z, étant important, car nous voulons savoir à quelle hauteur l'appareil vole », explique Philip Reece, Chef de la direction d'Indro Robotics. « Nous pouvons également déterminer la marque et la taille de l'appareil, ce qui nous aide à déterminer le type de menace qu'il peut représenter. Par exemple, un petit drone qui se déplace lentement et qui est éloigné est moins une menace qu'un gros drone sur la trajectoire de vol d'un aéroport. »

Le système comprend une interface utilisateur qui fournit des rapports en temps réel et des rapports historiques consolidés comprenant les numéros d'identification des drones dans la plupart des cas.

« En mars de cette année, le système Indro a détecté 1626 vols dans la zone de 15 kilomètres, dont 64 vols qui ont eu lieu la nuit », rapporte Michael Beaudette de YOW. « Les totaux avaient augmenté de façon importante par rapport à janvier, car la température s'est réchauffée et les gens ont décidé de sortir leurs drones pour faire un vol. »

La deuxième technologie faisant l'objet d'une démonstration dans le cadre du programme est une solution de micro radar Doppler appelée Obsidian de la société britannique QinetiQ. Obsidian utilise un radar à ondes millimétriques – 9-12 GHz – pour détecter le mouvement des petites hélices d'un drone volant dans un rayon de 2 kilomètres autour de l'aéroport.

« Notre solution est le fruit des décennies de QinetiQ dans le secteur de la défense, et de notre implication dans les radars depuis la Seconde Guerre mondiale », explique Paul Romano, représentant de QinetiQ. « Les menaces les plus graves pour la sécurité ne sont probablement pas des drones conventionnels qui répondent à une interrogation électronique. Le radar peut détecter et suivre les drones qui, pour une raison quelconque, ne peuvent pas être détectés par RF ou ne veulent pas l'être. En fin de compte, il s'agit d'identifier toutes les menaces potentielles afin que des mesures appropriées puissent être prises pour assurer la sécurité des aéronefs. »

Le programme prévoit également des mesures précises à prendre lorsqu'un drone est détecté volant là où il ne devrait pas.

« Dans le cadre de ce projet, nous avons effectué des exercices sur table avec nos partenaires de NAV CANADA, de Transports Canada, des lignes aériennes, des services d'urgence et des forces de l'ordre », explique Michael Beaudette de YOW. « En fin de compte, l'élaboration de protocoles d'intervention et de responsabilités appropriés doit faire partie de la solution. »

NAV CANADA, qui possède et exploite le système de navigation aérienne civile du Canada, accueille favorablement cette collaboration.

« L'utilisation des drones au Canada continue de croître à un rythme important et NAV CANADA adopte une approche proactive pour assurer la sécurité de notre ciel, tant pour l'aviation traditionnelle que pour les nouveaux venus. Nous sommes heureux de collaborer avec des partenaires comme l'Aéroport international d'Ottawa, car notre industrie continue de faire avancer les initiatives en matière de sécurité des drones », a déclaré Alan Chapman, Directeur, Gestion de la circulation SATP à NAV CANADA.

Pour leur part, les pilotes se méfient à juste titre des drones et accueillent favorablement le programme pilote de démonstration de détection à YOW.

« Il n'existe aucun équipement à bord d'un aéronef, qu'il soit fixe ou à rotor, capable de détecter un drone en vol », déclare Greg Hulme, Pilote en chef de l'escadre de rotor, avec Ornge Air Ambulance. « Les conséquences d'une collision en vol avec un drone peuvent aller des dommages à notre appareil aux blessures de notre équipage, en passant par les blessures aux personnes ou aux biens au sol. Dans le cas d'une collision catastrophique, il n'est pas déraisonnable de supposer qu'il pourrait y avoir une perte d'équipage, de patient et d'aéronef. »

Mark Laroche de YOW, affirme que le but du programme n'est ni de faire honte aux opérateurs de drones ni d'effrayer le public.

« La grande majorité des opérateurs de drones ne cherchent pas à perturber l'aviation ni à menacer les aéronefs », déclare M. Laroche. « Mais nous devons savoir où ils se trouvent et, s'ils représentent une menace, être prêts à prendre les mesures appropriées que nous pouvons prendre en tant qu'aéroport pour assurer la sécurité. Ce que nous voyons et signalons à Transports Canada est une tendance très inquiétante qui nécessite une réponse rapide pour inverser le nombre d'opérateurs de drones qui volent dans des zones réglementées. »

Le programme se poursuivra jusqu'à la fin de l'année 2021.

 

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